Messages politiques et de développement : l’évaluation replacée au cœur des processus décisionnels africains
La ville de Laâyoune a abrité la séance d’ouverture de la 10e Assemblée générale du Réseau des parlementaires africains pour l’évaluation du développement (APNODE).
Cet événement, bien plus qu’une simple réunion institutionnelle, a servi de plateforme pour diffuser des messages politiques clairs concernant le rôle de l’évaluation dans l’élaboration des politiques publiques et le rôle croissant du Maroc dans le soutien à la gouvernance et à la coopération africaine. Les interventions, nombreuses et variées, ont toutefois convergé vers une idée fondamentale : L’Afrique a besoin d’une évaluation franche, courageuse et fondée sur des données probantes avant de s’engager dans la réalisation de l’Agenda 2063. En ouverture de session, Zineb El Adaoui, Première Présidente de la Cour des comptes, a prononcé un discours, véritable bilan politique et de contrôle, soulignant la profonde transformation des relations entre la Cour et le Parlement depuis la Constitution de 2011. El Adaoui a souligné que « la coopération n’est plus saisonnière », rappelant que la modification de la loi de 2016 relative à la Cour a instauré une relation permanente fondée sur la consultation, le suivi et un contrôle constructif. Al-Adawi a ensuite présenté les dossiers les plus importants renvoyés au Conseil par le Parlement depuis 2013, notamment le système d’indemnisation, la réforme des retraites, les fonds de soutien social, les programmes d’éducation et d’emploi, ainsi que les initiatives d’alphabétisation. Elle a estimé que la diversité de ces dossiers témoignait d’une prise de conscience croissante de l’importance de l’évaluation pour garantir l’efficacité des fonds publics. Elle a conclu par un message à l’échelle continentale, appelant à une évaluation de la période 2015-2025 et affirmant que la réalisation des objectifs de l’Agenda 2030 « demeure en deçà du niveau requis ». Elle a également souligné que l’avenir de l’Afrique exige « une analyse critique courageuse » pour ouvrir la voie à l’Agenda 2063. De son côté, Gerei Adomao, président du Réseau APNODE, a exprimé sa reconnaissance envers le Maroc, soulignant que l’accueil de cette session par Laâyoune « témoigne d’un engagement politique fort » en faveur de l’évaluation comme outil de gouvernance. M. Adomao a insisté sur le rôle essentiel des parlementaires, rappelant qu’ils « non seulement légifèrent, mais garantissent également la redevabilité ». Il a souligné que l’avenir du réseau repose sur sa capacité à renforcer les compétences des parlementaires en matière d’outils d’évaluation, et a plaidé pour un élargissement du réseau et un échange d’expertise à travers le continent. L’intervention du gouvernement marocain a été menée par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, qui a établi un lien direct entre l’évaluation et l’investissement public, notamment dans les projets d’infrastructure, éléments centraux de la stratégie de développement du Maroc. M. Baraka a affirmé que le gouvernement marocain « utilise l’évaluation comme un outil pour anticiper les insuffisances et orienter les projets structurels vers un impact optimal », citant les routes, les ports et les infrastructures hydrauliques comme exemples nécessitant un suivi rigoureux de leur impact sur le développement. Il a également souligné l’importance de tenir la réunion à Laâyoune, considérant que « les provinces du Sud sont devenues un modèle concret de programmes de développement dont l’impact peut être mesuré sur le terrain ». Le tableau d’ensemble dressé par la séance d’ouverture dépasse le cadre traditionnel des réunions parlementaires. Les quatre interventions ont tissé une vision globale reliant le contrôle, la législation, le financement et la mise en œuvre sur le terrain. Le choix de Laâyoune, avec toute sa symbolique politique et de développement, a conféré à la réunion une dimension supplémentaire : Ici, dans cette partie du Maroc, les concepts d’évaluation se transforment de textes théoriques en projets concrets dont l’impact est mesurable, les résultats observables et qui peuvent servir de modèles pour le continent. La séance d’ouverture s’est conclue en confirmant que l’Afrique entre dans une nouvelle phase, où l’évaluation n’est plus une simple procédure administrative ou une technique comptable, mais une démarche politique, une condition de financement, une garantie de transparence et un outil pour construire un avenir de développement partagé.


