Dans le contexte d’une des crises éducatives les plus complexes de ces dernières années, plus de 3 500 étudiants et diplômés marocains d’universités de Chypre du Nord se retrouvent confrontés à un avenir académique et professionnel incertain, en raison du manque flagrant de coordination entre le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation et le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger.
Ces étudiants, qui ont consacré des années à leurs études et dont les parents ont investi des sommes considérables, voient leur parcours universitaire se transformer en un véritable casse-tête, menaçant leur avenir suite à un arrêt inexplicable du processus d’équivalence des diplômes.
Comment la crise a-t-elle débuté ?
La crise a commencé mi-2024 lorsque le ministère de l’Enseignement supérieur a brutalement cessé, sans fournir d’explication officielle, de délivrer des certificats d’équivalence aux diplômés des universités de Chypre du Nord, Pendant de longs mois, les étudiants ont sollicité différents services compétents et rencontré des responsables du service des équivalences de diplômes du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation à Rabat. Ces demandes n’ont malheureusement pas eu de suite, du fait de ce qu’ils décrivent comme l’ajournement, l’opacité et une complexité administrative croissante.
Les étudiants affirment que certains responsables du ministère de l’Enseignement supérieur leur ont indiqué que la suspension des équivalences est liée à la position du ministère des Affaires étrangères, le Maroc ne reconnaissant pas la République turque de Chypre du Nord et, par conséquent, ne reconnaissant pas officiellement ses universités. Or, selon les personnes concernées, cette justification contredit les faits : * Des documents officiels publiés au Journal officiel confirment la possibilité d’y poursuivre des études. * Des équivalences ont été accordées les années précédentes aux diplômes issus de ces mêmes universités. * Ces universités sont accréditées par le ministère turc de l’Enseignement supérieur et soumises à l’évaluation du Conseil turc de l’enseignement supérieur (YÖK), le même système que celui appliqué aux universités turques dont les diplômes sont reconnus au Maroc.
Des histoires humaines déchirantes et des espoirs déçus
Les diplômes sont authentifiés par l’ambassade du Maroc à Ankara et certifiés par le Conseil turc de l’enseignement supérieur avant d’être soumis aux autorités marocaines compétentes. Malgré tous les efforts déployés, aucun organisme officiel n’a publié de déclaration clarificatrice, laissant les étudiants dans l’incertitude quant au sort de leurs diplômes. Ces étudiants ne se sont pas rendus à Chypre du Nord par hasard. Ils se sont appuyés sur : * Les informations officielles du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. * Les articles parus dans la presse officielle confirmant que les universités concernées respectaient les normes pédagogiques requises. Pendant des années, la procédure d’équivalence s’est déroulée sans encombre avant de s’interrompre brutalement, sans explication. Les diplômés se sont ainsi retrouvés face à : * Des dossiers en attente de décision. * Des procédures qui étaient en phase finale et qui ont été interrompues sans explication. * Un refus tacite de reconnaître leurs diplômes, malgré leur validité. * Des dossiers complets, ne nécessitant plus que la décision d’équivalence… qui n’est jamais prise. Derrière les chiffres se cachent des histoires humaines déchirantes. Derrière cette crise se cachent des milliers de récits douloureux : * Des familles qui ont sacrifié leurs économies et leurs biens pour financer les études de leurs enfants. * Des étudiants qui se sont endettés en dirhams et en dollars. Des jeunes sont rentrés au Maroc pleins d’espoir, pour se heurter à un mur administratif. Une phrase qui se répète depuis un an et demi : « La procédure d’équivalence est suspendue… et nous ne savons pas quand elle reprendra.» Tant que les décisions tardent à être prises, la vie des étudiants est complètement paralysée : Pas de travail, pas d’inscription en études supérieures, et aucune possibilité d’utiliser leurs diplômes à l’étranger sans équivoque dans leur pays d’origine. Après plus d’un an et demi d’interruption du processus, les étudiants ont décidé de s’adresser publiquement aux plus hautes autorités et de lancer un appel à l’aide, considérant la situation comme : « La plus grande crise silencieuse du système éducatif, menaçant tout un avenir. »
Les revendications des étudiants :
Des droits légaux indépendants des conflits politiques, les personnes concernées soulignent que : Le droit à l’équivalence est un droit légal garanti à tout diplômé qualifié.
Les différends diplomatiques, s’il y en a, ne devraient pas pénaliser les étudiants ayant légalement achevé leurs études.
Les étudiants exigent :
- La reprise immédiate du processus d’équivalence tel qu’il se déroulait auparavant.
- Le respect du principe de non-rétroactivité des décisions : si l’équivalence est officiellement révoquée, aucune nouvelle décision ne pourra être appliquée aux étudiants inscrits ou diplômés sur la base d’un statut légal antérieur et stable. Crise du système éducatif ou mauvaise gestion ?
Un manque de coordination entre les autorités compétentes
Les étudiants soulignent un paradoxe flagrant : Plusieurs universités de Chypre du Nord figurent parmi les 600 à 800 meilleures universités au monde, alors qu’aucune université marocaine ne se classe parmi les 1 000 premières.
Ceci confirme, selon eux, que le problème n’est pas d’ordre académique, mais plutôt lié à un manque de coordination entre les autorités compétentes et à la publication de décisions non annoncées. En conclusion… l’avenir de milliers d’étudiants est en jeu. Cette question dépasse le simple cadre d’un problème étudiant et met à l’épreuve la capacité des institutions marocaines à garantir la transparence, à protéger le droit à l’éducation des citoyens et à assurer l’égalité des chances. Dans l’attente de l’intervention de MM. Nasser Bourita et Abdelatif Midaoui, et d’un accord entre les deux ministères pour résoudre ce problème, le sort de milliers d’étudiants reste suspendu entre reconnaissance et non-reconnaissance, et la crainte d’un avenir incertain. Toute une génération attend une réponse… et le silence n’est plus une option.


